Voici le frais matin, mais tout sommeille encore ; Les arbres sont rêveurs dans l’immobilité, La nuit trace au fusain des tableaux que l’aurore Couvrira d’un pastel sublime, la clarté !
Les oiseaux ont encore la tête sous leur aile ; L’insecte, dans la fleur, n’ouvre pas ses rideaux, Et l’onde dit un chant si timide et si frêle Qu’on croirait qu’elle a peur dans le lit des ruisseaux.
Le silence est partout. L’infini se recueille ; Les pâles visions meurent avec la nuit, Et l’homme sous son toit, la bête sous sa feuille, Éveillés ou dormant, ne font encore nul bruit.
Tout à coup le soleil paraît. L’azur flamboie, Et la terre au grand ciel jette son cri d’amour… Ainsi, quand tu surgis à mes yeux pleins de joie, Délivré de la nuit, je chante un hymne au jour ! Jean Aicard.