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animation, chat, culture, Haruki Murakami, souris, végétarien

Une souris tombe sur un gros chat dans un grenier.
Il la poursuit jusqu’à l’acculer dans un coin où elle ne peut plus fuir.
Toute tremblante, la souris l’implore :
« Je t’en supplie, ô chat ! Ne me mange pas !
Il faut que je rentre chez moi. Mes enfants m’attendent, ils ont faim.
Laisse-moi partir. »
Le chat lui répond :
« Ne t’en fais pas ! Je ne vais pas te manger.
En fait, je ne le crie pas sur les toits, mais je suis végétarien.
Je ne consomme absolument pas de viande.
Tu sais que tu as eu une sacrée chance de m’avoir rencontré !»
La souris répond : « Ah ! Quel jour merveilleux !
Quelle souris chanceuse je suis !
Tomber sur un chat végétarien ! »
Mais à la seconde suivante, le chat s’était jeté sur la souris,
il lui labourait le corps de ses griffes
et lui enfonçait ses dents pointues dans le cou.
Au milieu de ses souffrances,
juste avant de rendre son dernier souffle,
la souris questionne le chat :
« Enfin, tu m’avais bien dit que tu étais végétarien
et que tu ne manges pas de viande, non ?
Ce n’était donc que des mensonges ?
« Le chat lui répond en se léchant les babines :
« Mais c’est vrai, je ne mange pas de viande.
Je ne t’ai pas menti.
D’ailleurs, une fois que je t’aurai emportée chez moi,
je t’échangerai contre de la laitue ».
Extrait de 1Q84, tome 2, de Haruki Murakami, édition Belfond